PETAGE DE PLOMB ET CULPABILITE

Le papa et la maman de Lilas et Marcus rêveraient de les élever dans la douceur, le calme, la sérénité et la bienveillance… Seulement, voilà, trop souvent à leur goût, ils se retrouvent à hurler, s’énerver, s’emporter, sortir de leur gond… La différence entre leur rêve et la réalité les fait culpabiliser, ils se rongent de remords…

« Bienvenue dans l’humanité » me dit mon thérapeute à chaque fois que je lui raconte que je me suis, encore, emportée plus que je ne l’aurais souhaité. Il est souvent réconfortant de se rappeler à quel point il est humain et normal d’être à bout. Nous ne sommes pas des robots, nous sommes emplis d’émotions que nous n’avons pas appris à gérer. Notre enfant vient titiller l’enfant que nous étions et les blessures que nous n’avons pas cicatrisées, consciemment ou pas. Le rythme de nos vies actuelles est trop effréné, au-delà de notre capacité physique à le supporter. Nous sommes trop seuls face à nos enfants, là où nous aurions besoin d’aide et de soutien dans la prise en charge de nos chérubins. Les mini drames de la journée s’accumulent et finissent par faire exploser la cocotte minute…

Papa, Maman dit ce qu’il ne veut pas dire, fait ce qu’il ne veut pas faire, se regarde parler, agir avec emportement sans réussir à s’arrêter. Et quand la pression retombe, la culpabilité le ronge, le fait ruminer, voire l’accable du sentiment d’être un mauvais parent. Culpabilité, qu’as-tu fait ? qui es tu ? La culpabilité est un sentiment qui mine, qui détruit, qui pousse à l’inertie. Elle vient de cette triste croyance que l’erreur est une faute grave. Le parent qui a hurlé sur son enfant parce qu’il était à bout, est un mauvais parent, toute sa personnalité et sa fonction de parent en est lourdement affectée… Tâchons de nous libérer de ce sentiment qui dévaste !

Bonjour, Regret, qui es-tu ? Le regret vient dire « oui, j’ai fait une erreur et j’en regrette les conséquences ». Le regret est une vraie prise de conscience de son acte et de son impact sur autrui et soi-même. Il vient de la croyance que l’erreur est une source d’apprentissage. Il pousse à l’action et surtout à la réparation. Il permet la remise en question et ainsi le progrès. Le parent qui a hurlé sur son enfant peut s’excuser. Il va ensuite réfléchir à ce qui la pousser à agir ainsi et à ce qu’il peut changer dans son mode de fonctionnement pour que cela ne se reproduise plus.

J’ai même parfois envie d’aller au-delà du regret (tout en étant passé par cette phase bien sûr). Je pourrais même parfois louer le fait d’avoir « pêté un cable », non pas pour les conséquences que cela a eu sur mon enfant et moi-même, mais parce que cela a permis de mettre en exergue quelque chose qui dysfonctionne et que je me dois de changer. « youpi, je me suis trompée, qu’est-ce que je vais changer dans ma vie pour aller mieux ? Grâce à toutes ces erreurs et aux remises en questions inhérentes, ma vie va être de plus en plus belle ! ».

Petit à petit, étape par étape, changement par changement, les pétages de plomb sont moins nombreux, moins violents parce que je me suis remise en question ; mais je garde toujours en tête, qu’il y en aura toute ma vie car « l’erreur est humaine »… Confiance et prudence, je vous souhaite une belle vie !

 

Ségolène Hartz, psychologue et présidente de L’Accolade