Présentation du cinquième atelier « parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent » de Faber et Mazlish
Tous les parents souhaitent que leurs enfants aient une bonne estime de eux. Pour cela, souvent, ils accompagnent tous les petits succès par des « bravo », « tu es le meilleur », « c’est magnifique ». Mais, ces félicitations ont-elles vraiment l’effet désiré ? Que pense un enfant quand il descend le toboggan et entend « bravo » ? Ou quand il réalise un gribouillage qui lui a demandé beaucoup de temps, d’effort et d’investissement et que son parent lui répond rapidement « oh, il est très beau » avant de passer vite à autre chose ? Mais alors, qu’est-ce qu’un compliment qui favorise vraiment l’estime de soi ?
Imaginons que vous soyez un bon cuisinier. Mais ce soir là, des amis se sont invités à l‘improviste et vous avez du sortir de la soupe en brique et du riz précuit. A la fin du repas, l’un d’eux s’exclame : « quel merveilleux cuisinier« . Comment vous sentez-vous ? Que vous dites-vous dans votre for intérieur ?
Vous êtes tennisman débutant et votre premier service atterrit exactement à l’endroit où vous l’espériez. Votre partenaire vous dit alors « Waouh, ton service était parfait ». Que vous dites-vous ?
Vous vous êtes probablement dit que les félicitations peuvent entraîner des sentiments fort agréables mais pas toujours. Elles peuvent également amener la personne à éprouver des doutes sur elle-même, à lui mettre la pression, à concentrer son attention sur ses faiblesses, à se sentir évaluée, jugée, à percevoir l’autre comme un manipulateur (mais qu’est-ce qu’il attend de moi ?), à entraver la relation à autrui (l’autre ne me connait pas bien…).
Faber et Mazlish conseillent des habiletés dans le 5ème chapitre de leur ouvrage « parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent » (repris dans la 5ème rencontre des ateliers du même nom). Pour favoriser l’estime de soi des enfants en utilisant le compliment, elles suggèrent de faire des « compliments descriptifs ». Il s’agit de décrire ce que l’on voit, sans amener aucun jugement. Ainsi, lors d’un atelier, une participante a fait un escargot en cure pipe, après s’être qualifiée de « nulle » pour ce genre d’activité manuelle et créatrice. Le compliment descriptif qui a suivi était à peu près celui ci : « Quand tu as démarré l’activité, tu t’es sentie en difficulté, renvoyée à d’autres expériences compliquées. Malgré tout, tu as pris sur toi et tu as réfléchi à ce que tu allais faire de ces 3 cures pipes. Finalement, t’es venue une idée que tu as accomplie jusqu’au bout. Tu as entortillé 2 cures pipes pour faire le corps de l’escargot, en n’omettant aucun détail : la queue, les deux antennes, le bout du cure pipe représentant même les petits yeux. Avec le cure pipe rouge, tu as fait une coquille qui apparaît en 3D. Ce rouge m’évoque un escargot d’un dessin animé où il va à toute vitesse ! Du coup, il me donne envie de jouer avec lui ! ». La participante, à la fin de ce long compliment descriptif, a repris son escargot en s’exclamant « ah, mais en fait, il est trop beau mon escargot ». En effet, le compliment descriptif a le pouvoir de permettre à l’autre de s’autocomplimenter. Et c’est là que l’on saisit la puissance d’un compliment qui booste l’estime de soi de l’enfant ! A aucun moment l’adulte n’a émis un jugement sur le comportement ou l’oeuvre de l’enfant. En revanche, en prenant le temps d’observer et décrire, il montre à l’enfant que ce qu’il a fait a vraiment de l’importance pour lui et il lui permet de s’auto complimenter donc de renforcer son auto appréciation. Par ce qu’il a FAIT, l’enfant en déduit lui-même ce qu’il EST à ses propres yeux.
Faber et Mazlish suggèrent également de décrire ce que l’on ressent (« ah, c’est un vrai plaisir de rentrer dans une chambre rangée ! ») et/ou de résumer en un mot le comportement digne de louange (c’est ce que j’appelle de la détermination ! »).
Faire des compliments descriptifs, c’est prendre le temps d’observer le comportement ou la tâche réalisée par l’enfant et de prendre la mesure de la louange. L’effet ressenti par l’autre est plus durable, cela teinte la personnalité de l’enfant, lui donne des ressources pour ensuite supporter les échecs et les difficultés. Et vous ? Comment complimentez-vous vos enfants ? Que faites-vous pour favoriser leur estime d’eux ?
Ségolène Hartz, psychologue et présidente de L’Accolade
ah si on avait su, nous les maintenant grands-parents ! mais il n’est jamais trop tard et il me semblerait intéressant d’adapter cela aux grands, par exemple aux élèves en collège, voire même de lycée !
oui, c’est adaptable aux plus grands et aux élèves. Faber et Mazlish ont d’ailleurs écrit « parler pour les enfants apprennent à la maison et à l’école » ainsi que « parler pour que les ados écoutent et écouter pour que les ados parlent ». Les principes de base sont grosso modo les mêmes mais adaptés !