MON ENFANT N AIME RIEN MANGER

Lilas mangeait de tout jusqu’à récemment. Un vrai bonheur. La famille s’extasiait sur le plaisir qu’elle avait à dévorer ses brocolis et ses haricots verts. Seulement voilà. Depuis ses 2 ans, Lilas refuse tout avec une moue dégoûtée. Pourquoi n’aime-t-elle plus rien d’un seul coup ? Que faire ?

Connaissez-vous la néophobie alimentaire ? Néophobie signifie peur de la nouveauté. La néophobie alimentaire, c’est donc la peur des nouveaux aliments. Ce grand mot savant a été inventé par des psychologues et en particulier Nathalie Rigal. Un enfant qui présente une néophobie alimentaire refuse de goûter des nouveaux aliments, repousse son assiette, trie ses aliments, grimace, dit que « c’est pas bon » avant même d’avoir goûté, voire, si l’adulte le force, se met en colère ou se fait vomir. Ce comportement n’est pas à comprendre comme un enfant « difficile » ou cherchant à provoquer l’adulte. L’enfant se sent réellement très mal face à l’aliment et met tout en œuvre pour alerter l’adulte sur son ressenti. Il s’agit d’une phobie à proprement parler. Or, cette phobie touche 3 enfants sur 4 entre 18 mois et 10 ans. Evidemment, elle varie en intensité et en durée selon les enfants. Statistiquement, on peut observer qu’elle est inexistante avant 18 mois, qu’elle est très fréquente de 18 mois à 4 ans et qu’elle diminue progressivement, elle devient de plus en plus rare de 6 à 10 ans.

Quelques conseils face à un enfant qui présente une néophobie alimentaire :

– Ne forcez pas. Comment réagiriez-vous si on vous forçait à goûter du chien, du cochon d’inde ou des sauterelles grillées ? Il en va de même avec les enfants ! De plus, il faut savoir que quand le corps sait qu’il va manger, il s’y prépare. Il « lubrifie » l’œsophage pour faciliter le passage des aliments. Quand on force l’enfant, cette lubrification ne se fait pas. Vous avez sûrement déjà vécu cette sensation. Quand vous vous forcez à manger alors que vous êtes très stressé, vous avez la sensation que les aliments passent mal, s’écoulent mal. C’est désagréable, voire même douloureux.

– Mettez un peu de l’aliment dans l’assiette afin que l’enfant s’y habitue tranquillement et y vienne peut-être de lui-même. Une étude a proposé de présenter un aliment non apprécié par l’enfant au cours de 8 repas, sur 16 jours, sans que l’enfant ne soit jamais forcé. 63 % des enfants, à la fin de l’expérience, mangeaient l’aliment avec plaisir.

– Expliquez, verbalisez. C’est toujours moins angoissant quand on connait le nom de l’aliment, son origine et quand maman a raconté une anecdote ! Je ne dis pas d’en faire 15 tonnes non plus, à vous de jauger ce qui vous semble pertinent…

– Cuisinez avec vos enfants. Découvrir le mode de cuisson de l’aliment, patouiller, malaxer la pâte, casser des œufs. L’enfant explore ainsi les aliments avec tous ses sens ou presque. Un aliment connu et reconnu est souvent plus attirant.

– Soyez un exemple pour vos enfants. Vous pouvez goûter à nouveau des aliments que vous avez catégorisés dans « j’aime pas », peut-être aurez-vous quelques surprises vous-mêmes. Pour vos enfants, ce sera une expérience enrichissante de comprendre que tout le monde a des goûts différents et particuliers et que ces goûts peuvent évoluer.

– Rappelez les expériences positives à vos enfants. « Tu te souviens, la dernière fois, tu as goûté des champignons que tu trouvais très moches. Et en fait, ils étaient très bons ! ».

– Armez-vous de patience. Dans les moments de doute et d’agacement, relisez cet article, renseignez-vous sur internet, cherchez des témoignages, discutez avec votre super copine !! Et surtout, venez nous rencontrer à L’Accolade !!

– Supportez les critiques de l’entourage. Ce positionnement est novateur dans notre culture et suscite beaucoup d’angoisse. A vous de voir comment vous vous positionner. Mettez des écoutilles ou demandez à vos enfants de s’adapter en fonction du lieu et des personnes avec qui il se trouve.

– Demandez conseil à votre pédiatre si vous êtes inquiets concernant la courbe de croissance. Il est évidemment impératif d’être vigilant à la santé des enfants et à un bon équilibre alimentaire.

– Partagez ces informations, elles méritent d’être connues pour faciliter les repas de nos chérubins !!

bon appétit à tous

Ségolène Hartz, psychologue et présidente de L’Accolade