Présentation du deuxième atelier « parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent » de Faber et Mazlish

Marcus refuse de ranger sa chambre malgré l’injonction de sa maman, Lilas ne vient pas au bain alors que son papa l’appelle pour la 3ème fois. Pourquoi nos enfants ne nous obéissent pas ? Que faire pour les amener à coopérer ?

Lors de la deuxième rencontre des ateliers Faber et Mazlish, les auteures proposent de lister les ordres que nous donnons quotidiennement à nos enfants. En faisant la démarche de les noter sur le papier, nous prenons conscience de la quantité affolante d’injonctions auxquelles les enfants doivent obtempérer sans mot dire et au plus vite. Au moyen d’exemples, nous ressentons les sentiments provoqués par l’accumulation d’ordres, menaces, accusations, sermons, avertissements, sarcasmes… Plutôt que de donner envie aux enfants d’y répondre, nous faisons l’inverse et les incitons à se rebeller. L’enfant a souvent deux réactions : devenir très très obéissant et compliant à en oublier ses propres besoins et envies ou au contraire très très rebelle pour tenter de s’affirmer envers et contre tout. C’est évidemment insupportable pour l’adulte qui voit son autorité enfreinte. Le conflit risque de s’installer et d’abimer la relation parent enfant.

 

Faber et Mazlish suggèrent des habiletés permettant de susciter la coopération de l’enfant. Comme pour tout, certaines seront efficaces avec certains enfants et pas d’autres, à certains moments et pas d’autres, avec certains parents et pas d’autres. Face à nos enfants, chacun expérimente et met en pratique ou non. Le plus important est d’avoir en tête que ces habiletés vont permettre à l’enfant d’apprendre les règles de la vie en société et d’évoluer dans un cadre sécurisant sans porter atteinte à sa personnalité et en préservant une bonne relation à l’adulte.

L’exemple donné par Faber et Mazlish est celui d’une serviette mouillée négligemment laissée sur le lit des parents. En découvrant cela, le parent peut décrire ce qu’il voit : « il y a une serviette humide sur le lit » ou donner une information, un renseignement : « la serviette mouille ma couverture ». En intervenant de cette manière, le parent ne rentre pas d’emblé dans le conflit avec l’enfant et il permet à celui-ci de trouver par lui-même la solution et de la résoudre avec sérénité. Si la consigne a été dite plusieurs fois, le parent peut se contenter de la répéter en un mot « Marcus, la serviette ». Cela évite les longs discours qui agacent et permet de donner l’information de manière claire et concise. Dans les routines du quotidien, cette habileté peut être très utile (« les enfants, on part. Chaussures/Manteau. », « quand tu auras fini de manger, les dents, pipi et au lit »). Si vous sentez la moutarde vous monter au nez, vous pouvez décrire ce que vous ressentez « je n’aime pas dormir dans un lit humide ». De la sorte, vous indiquez clairement à votre enfant votre ressenti sans l’attaquer, l’humilier, le désapprouver. En effet, il vaut mieux entendre « je suis fatigué et j’en ai assez », plutôt que « tu me fatigues et tu me saoules ». L’enfant sera beaucoup plus réceptif à la première remarque qu’à la seconde qui va non seulement le mettre en colère contre vous mais également endommager son estime de lui. Enfin, vous pouvez rédiger une petite note, en inscrivant par exemple au-dessus du porte serviette « s’il te plait, replace-moi ici pour que je puisse sécher. Merci ! Ta serviette. » Tournés de manière humoristique ou pas, ces petits mots s’impriment souvent mieux dans la tête de nos chérubins.

 

En mettant en place ces habiletés à la maison, les participants des ateliers Faber et Mazlish sont souvent impressionnés de leur efficacité. Les relations à la maison sont plus détendues et de nombreuses crises sont épargnées. Magiques ? Non pas toujours… Il faudra attendre la prochaine rencontre pour réussir à éviter la punition quand l’enfant « dépasse les bornes ». Et puis surtout, il faut se rappeler que l’enfant n’est pas un robot, qu’il a le droit à l’erreur comme tout le monde et que peut-être certaines de nos demandes ne sont pas adaptées et que les refus de l’enfant viennent signifier à nous, parents, que nous faisons fausse route. Mais ça, c’est un autre débat !

 

Ségolène Hartz, psychologue et présidente de L’Accolade