Présentation du quatrième atelier « parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent » de Faber et Mazlish

Lilas et Marcus sont deux enfants qui rêvent de devenir grands. Leur papa et leur maman rêvent qu’ils deviennent des adultes autonomes et responsables. Quels beaux projets communs, n’est-ce pas ?! Mais dans le quotidien, ce n’est pas si simple à mettre en place. Comment les y aider, de la manière la plus efficace et adaptée possible ?

Imaginons un enfant qui éprouve de grandes difficultés à ouvrir un pot, mais qui persévère avec détermination. A aucun moment, il n’a demandé de l’aide malgré la complexité de la tâche. Combien d’adultes craquent et saisissent le pot sans mot dire pour l’ouvrir instantanément ? Il est vrai que cette réaction de l’adulte présente l’avantage d’aller plus vite et d’offrir une aide à l’enfant. Mais, si on prend quelques instants pour se mettre à la place de cet enfant, à votre avis, que se dit-il en son for intérieur ? Quelle conclusion en tire-t-il ? Quelle est l’expérience qu’il en a faite ? Il est fort à penser qu’il se croira alors incapable de réaliser cette tâche, qu’il se pense dépendant de l’adulte, qu’il en conclut qu’il ne lui est pas nécessaire de faire des efforts et qu’il lui suffit de demander à l’adulte de faire à sa place. Avec cette situation, banale dans le quotidien, l’adulte favorise la dépendance, baisse l’estime de soi de l’enfant, voire le rend paresseux. Si cette situation a lieu une fois dans la vie de l’enfant, bien sûr qu’elle ne sera en aucun cas un traumatisme !! En revanche, si elle se répète jour après jour, c’est avec cette image de lui que l’enfant va se construire.

 

Ce sont ces petits actes de la vie quotidienne qui, mis bout à bout, construise les capacités d’autonomie. C’est ainsi qu’au fil des jours et des expériences, l’enfant va continuer naturellement à prendre son indépendance. C’est une capacité qu’il a en lui et qu’il faut entretenir.

 

Pour cela, Faber et Mazlish proposent de nombreuses habiletés à mettre en place dans le quotidien.

Le parent peut offrir des choix à l’enfant. Ils peuvent être tout simple s’il s’agit d’un enfant jeune : « veux-tu prendre un bain ou une douche ? », « veux-tu mettre le pantalon rouge ou le vert ? ».

De plus, en faisant preuve de respect pour les efforts de l’enfant, l’adulte l’aide à trouver le courage de mener à bien une entreprise difficile. Ainsi, au lieu de prendre le pot des mains de l’enfant, l’adulte peut simplement lui dire « ça peut être difficile d’ouvrir un bocal. Parfois, c’est plus facile si on tape doucement sur le couvercle avec une cuillère ». Verbaliser la difficulté a l’avantage que si l’enfant y arrive finalement, il sera fier d’avoir accompli une tâche difficile. En revanche, s’il échoue, il aura au moins la satisfaction de se dire que de toutes les façons, c’était difficile !

Ensuite, Faber et Mazlish conseillent de ne pas submerger l’enfant de questions. En effet, en accueillant son enfant à la fin de la journée par un simple « bonjour », c’est souvent plus encourageant pour les enfants de parler spontanément, plutôt que de répondre à une flopée de questions envahissantes. Le livre de Faber et Mazlish porte bien son nom et prend tout son sens ici « écouter pour que les enfants parlent » (sans leur poser mille questions !).

En outre, afin de favoriser leur autonomie, l’adulte peut ne pas s’empresser de répondre à leurs questions et de les renvoyer à leur propre jugement. Il arrive que les enfants posent des questions surtout pour favoriser l’échange avec le parent et ordonner leur propre réflexion et analyse critique.

En outre, le parent peut encourager l’enfant à utiliser des ressources extérieures. C’est-à-dire qu’il peut renvoyer l’enfant vers de meilleurs interlocuteurs (bibliothécaire, prof, enfant plus âgé, ami passionné par le sujet, internet…).

Enfin, Faber et Mazlish encouragent à ne pas supprimer l’espoir de l’enfant. Rappelez-vous que vous aussi vous avez eu des rêves étant enfant et que vous avez peut-être mal supporté que l’adulte vous renvoie d’emblée à la dure réalité de la vie ! Sans être dans l’excès inverse, laissez vos enfants rêver à une carrière, un projet, un idéal…

 

Trouver dans le quotidien des moyens de favoriser l’autonomie de l’enfant est un trésor pour leur avenir ! Au delà des conseils de Faber et Mazlish, c’est un thème largement développé par Maria Montessori. Tout dans le quotidien des enfants (la maison, les rituels, les dialogues, les prises de décision…) peut les aider à grandir et à devenir des hommes et des femmes responsables !

Et vous ? Qu’avez-vous mis en place chez vous pour favoriser l’autonomie de vos enfants ?

Ségolène Hartz, psychologue et présidente de L’Accolade