Présentation du troisième atelier « parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent » de Faber et Mazlish

Marcus et Lilas ont vraiment dépassé les bornes, leurs parents ne savent plus comment s’y prendre. Ils ont mis en place toutes les habiletés proposées lors de la deuxième rencontre Faber et Mazlish (ou dans le deuxième chapitre du livre « parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent ») mais rien n’a fonctionné. Ils ont le sentiment que seule la punition pourra avoir un effet efficace sur le comportement de leurs enfants.

Tout d’abord, Faber et Mazlish nous invitent à nous questionner sur la raison qui pousse les parents à punir leurs enfants. Celles-ci sont diverses et variées, on retrouve souvent l’impuissance des parents face aux résistances de l’enfant, le sentiment que c’est leur devoir de parent, la peur que l’enfant ne comprenne pas les conséquences de sa bêtise et qu’il recommence, la réponse à la pression sociale et à la peur du jugement de l’entourage sur les comportements de l’enfant et la réponse parentale et également le sentiment que c’est le seul moyen efficace pour faire plier l’enfant.

 

Mais, comment se sent un enfant face à une punition ? Prenez le temps de vous poser cette question pour vous-mêmes. Comment vous sentiez-vous, enfant, quand vous étiez puni, privé de dessert, envoyé dans votre chambre, interdit de sortie ? Souvent la punition peut entrainer des « sentiments de haine, de vengeance ou de défi, de culpabilité ou d’indignité, l’envie de se prendre en pitié ». Sur le court terme, la punition semble efficace : elle arrête le comportement inadapté de l’enfant, elle rend son contrôle et son autorité à l’adulte, elle paraît remettre les choses à leur place… Mais, sur le long terme et au plus profond de chacun, elle détériore la qualité de la relation entre l’enfant et le parent, elle altère la confiance en soi de l’enfant, elle détourne l’attention de la bêtise et de ces conséquences vers la relation à l’adulte (l’enfant ne pense plus à sa conduite mais il cherche à se venger de l’adulte qui punit). Finalement, la punition empêche l’enfant de réfléchir à ce qu’il a fait et d’y trouver un moyen d’y remédier ou de ne pas recommencer. Elle ne lui permet pas de se responsabiliser face à ses erreurs.

 

L’idée est donc d’amener l’enfant à réfléchir à ce qu’il a fait, de lui donner des outils pour trouver une solution adaptée, de le responsabiliser face à ses actes et de le laisser subir les conséquences naturelles de ses actes.

Pour répondre à ces objectifs pédagogiques, Faber et Mazlish proposent plusieurs habiletés : le parent peut indiquer à l’enfant une façon de se rendre utile (lui demander de l’aider au supermarché plutôt que de toucher à tout), lui exprimer fortement son désaccord (je suis très en colère car) et cela sans attaquer la personnalité de l’enfant, lui donner un choix (tu peux marcher ou aller dans le caddie), passer à l’action (tu n’arrives pas à marcher tranquillement, je t’installe donc dans le caddie). Si le problème persiste, l’adulte peut laisser l’enfant subir les conséquences naturelles de ses actes (la dernière fois, ça a été trop compliqué au supermarché, cette fois, j’y vais seul, tu auras une autre chance une autre fois). La différence avec la punition, dans ce cas présent, c’est qu’il y a un lien direct entre la « bêtise » et la « conséquence ». Comme tu persistes à taper sur cet objet fragile, je le retire de tes mains ; comme tu continues à inonder la salle de bain, je te sors de l’eau ; comme tu cours partout dans la rue, je te tiens par la main.

 

Néanmoins, il arrive que des difficultés persistent malgré tout et qu’elles débouchent sur des conflits régulièrement. Pour y faire face, Faber et Mazlish ont repris une technique élaborée par Gordon. Thomas Gordon était psychologue du travail dans un premier temps, il a ensuite étendu ses outils à la famille qu’il détaille dans ses livres « éduquer sans punir », « parents efficaces » et « parents efficaces au quotidien » (inutile de lire les 3, ils sont assez redondants !). Cette technique, il l’a nommée « résolution de conflit gagnant-gagnant ». Faber et Mazlish l’ont renommée « résolution de problème ». Elles détaillent les 5 grandes étapes. Cette résolution de problème est très utile pour un problème répétitif. Elle doit être fait « à froid », quand tout le monde est disposé à discuter calmement. Voici les 5 étapes :

  1. L’adulte parle des sentiments et des besoins de l’enfant. Si celui-ci est disposé à le faire, l’écouter jusqu’au bout, sans lui donner de conseils ni le juger.
  2. L’adulte parle de ses propres sentiments et besoins, de manière assez succincte et aussi clairement que possible.
  3. Les 2 protagonistes font un remue-méninges en vue d’une solution mutuellement acceptable.
  4. Ils écrivent leurs propositions, sans aucun jugement. Des idées farfelues et humoristiques peuvent être ajoutées. Le rire libère les tensions et favorisent les échanges.
  5. L’adulte et l’enfant choisissent les suggestions appréciées, suppriment celles qu’ils n’aiment pas et se mettent d’accord sur des solutions.

Cet outil est extraordinairement riche en termes pédagogique et éducatif. Effectivement, par le biais de cet exercice, l’enfant apprend à se responsabiliser, à imaginer plusieurs solutions face à un même problème, à résoudre un conflit dans le respect des besoins de chacun et non dans la lutte l’un contre l’autre. Quel plus beau cadeau peut-on faire à notre enfant ?

Ségolène Hartz, psychologue et présidente de L’Accolade