Présentation du premier atelier « parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent » de Faber et Mazlish

Marcus hurle sa colère, Lilas est tétanisée par sa peur, Marcus pleure sa douleur, Lilas explose sa joie. Les enfants vivent les émotions sans limite, sans retenue. Et pourtant, parfois (souvent), les adultes voudraient les faire taire : « arrête de pleurer », « mais, ça ne fait pas peur », « mais non, tu n’as pas mal », « calme toi »… Pourtant, on ne peut que constater l’inefficacité de ces mises en garde. A première vue, l’enfant parait en effet plus calme, il obéit aux injonctions, se conforme aux attentes. Mais on sent bien qu’au fond de lui, il ne se sent pas calme. L’émotion est toujours là et rejaillit plus tard dans la journée, de manière encore plus exacerbée. L’ intervention n’a finalement servi qu’à différer le problème. L’adulte mis un pansement sur une plaie non cicatrisée (aussi minime soit-elle). Mais alors, comment réagir face à un enfant qui manifeste une émotion vive ?

Les neurosciences nous apprennent que le cerveau de l’enfant est complètement immature. Je vous renvoie à la vidéo du « cerveau dans la main » du docteur Siegel que vous trouverez sur votre serveur de vidéos en ligne préféré. L’enfant, jusqu’à 6 ans, n’a donc accès qu’à son cerveau limbique, celui qui gère les émotions. Ses émotions sont donc là, pures, intactes, vives… A partir de 6 ans, l’aire préfontale commence à se développer et sera terminée vers 25 ans… C’est cette zone qui permet le raisonnement, l’analyse, la mise en lien des événements. En bref, nous adultes, nous raisonnons nos émotions et c’est ce que nous tentons d’apprendre à nos enfants : « pas de raison d’avoir peur de ce chien », « dis-moi pourquoi tu es en colère ». Alors que, eux enfants, adolescents, vivent leurs émotions à 100%. Le lien entre l’émotion et la raison se construit année après année de la naissance à l’âge adulte…

 

Faber et Mazlish, dans leur premier atelier, proposent de ressentir et comprendre les effets de la négation des émotions. Elles donnent, entre autre, cet exercice. Admettons que vous ayez eu une très mauvaise journée au travail. Votre patron vous a donné une tâche à réaliser mais vous avez eu mille impératifs à gérer et n’avez pas pu tout faire. A la fin de la journée, il vous en fait le reproche devant des collègues et refuse que vous vous expliquiez. Vous rentrez chez vous très énervé, renfrogné, en colère. Vous vous confiez alors à quelqu’un de confiance. Comment vous sentiriez vous si cette personne nie vos sentiments (mais calme-toi, ce n’est pas si grave), vous donne des conseils (tu ferais mieux de faire ce que ton boss te dit),  ou fait de la philosophie (la vie est si belle) etc ? Seriez-vous encore plus en colère ? Vous sentiriez vous écoutée ou jugée ? Cela vous donnerait-il envie de vous remettre à la tâche ou de bouder encore plus votre patron ?

 

Il en va de même avec nos enfants. Quand nous leur disons «  tu ne ressens pas ce que tu ressens, tu ne sais pas ce que tu sais, tu ne veux pas vraiment dire ce que tu dis », nous ne les aidons pas à dépasser leur émotion et à agir pour modifier leur comportement et nous perturbons notre relation à eux : ils sont encore plus en colère contre nous, ne se sentent pas écoutés, compris, perdent confiance en nous dans notre capacité à les épauler.

 

Mais alors que faire ? Faber et Mazlish conseillent d’écouter attentivement nos enfants. Plutôt que de les écouter d’une oreille distraite, prenons le temps d’entendre ce qu’ils ont réellement à nous dire. Nous pouvons relancer simplement leur discours par des petits mots (ah, bon, hum). Nommer une émotion permet à l’enfant de l’identifier, la comprendre et ainsi la dépasser. Enfin, nous pouvons utiliser l’imaginaire pour leur donner ce dont ils rêvent. Par exemple, si un enfant veut absolument des céréales au petit déjeuner alors qu’il n’y en a plus, nous pouvons lui répondre quelque chose comme : « oh, c’est vraiment dommage, il n’y en a plus. Si seulement j’avais la capacité d’en faire apparaître par magie ». Les enfants adorent ce jeu et y adhèrent souvent avec une spontanéité et un plaisir, parfois déconcertant pour l’adulte rationnel que nous sommes !

 

Ces conseils sont largement développés dans le livre « parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent », ainsi que dans les ateliers que L’Accolade organise, animés par Ségolène et/ou Quentin. Cela vous permet d’approfondir la réflexion, de mieux comprendre et cerner les différents concepts, et de vous entrainer à ces nouvelles manières d’agir auprès de vos enfants, adolescents et même toute personne de votre entourage. N’hésitez pas à nous faire part de vos questions, remarques et réflexions dans les commentaires. Nous nous ferons une joie d’en échanger avec vous !

 

Ségolène Hartz, psychologue et présidente de L’Accolade

 

pour approfondir la thématique des émotions de l’enfant :

livres pour les adultes sur le thème des émotions : Pleurs et colères du bébé et de l’enfant, de Solther

livres pour les enfants :  « Grosse colère » de Mireille d’Allancé (dont la photo de l’article est extrait)

La couleur des émotions, de Llenas

Quelques articles du blog pour poursuivre la réflexion :

prendre la responsabilité de ses émotions

Pétage de plomb et culpabilité

La boite à émotions

L’Accolade propose Les ateliers  Faber et Mazlish, animés par Ségolène et/ou Quentin